dimanche 17 mai 2009

Rando de quartier : La Madeleine, 17 mai 2009

Dimanche matin, une quinzaine de personnes se sont retrouvées sur le parking de la patinoire pour découvrir, questionner, la réalité concrète du quartier du Bondon – La Madeleine – Rohan.

Présentation du quartier visité
Il est toujours difficile de définir un quartier par ses limites. En l’occurrence, le territoire que nous avons visité est constitué de plusieurs quartiers tels que le Bondon, La Marne, La Madeleine, Pompidou, Rohan. Nous avons fait le choix d’arpenter la zone inscrite entre l’avenue du Général de Monsabert, l’avenue Pompidou, la rue de Rohan, et l’avenue Roosevelt et de la Marne. Les traits communs de l’ensemble de ce territoire permettent une étude approfondie et pertinente.


Resituer le quartier dans son environnement et son histoire.
C’est une bonne manière de comprendre la réalité d’un lieu de vie. Voici quelques repères :
Une zone principalement rurale jusqu’à la première partie du 20° siècle. L’urbanisation s’est faite par développement progressif du centre ville vers la périphérie. Les dernières grandes zones rurales ont été bâties sur la zone du Bondon dans les dix dernières années.
Aujourd’hui, c’est un quartier essentiellement résidentiel. Il y a deux zones d’installations de commerces : vers l’Intermarché de Rohan et autour de la place de la Madeleine. Il faut compter 500 m maximum à vol d’oiseau pour tout habitant pour aller à un commerce ; la réalité de la voirie fait que cela peut aller jusqu’au triple.
Il y a peu d’implantation artisanale, commerciale ou industrielle. Les services éducatifs (IUFM- Ecoles primaires) prédominent. Il faut aussi noter les bâtiments des anciennes cliniques du Sacré-Cœur, de Sainte Claire et du centre St Yves.
Situé au Nord-ouest de Vannes à proximité des axes de l’avenue Pompidou et de l’avenue de Monsabert, ce quartier présente un ensemble de voies d’accès vers le centre ville à la fréquentation importante pour les flux quotidiens d’entrées et sorties. De plus, la proximité des zones de Kerlann et de Laroiseau entraîne un flux quotidien de voitures, et un afflux majeur dans l’ouest du quartier chaque samedi avec des encombrements importants.

Quartier à vivre – quartier de traverse
Le quartier est agréable à vivre. Mais l’un des problèmes récurrents réside dans la difficulté d’adaptation de la voirie à l’évolution des flux de circulation. Les grandes voies ont vu leurs possibilités d’adaptation limitées par la largeur disponible, c’est le cas des avenues Pompidou, de la Marne et Roosevelt. Seul le Boulevard de Monsabert est à un format permettant la cohabitation des voitures, des cycles et des piétons. Mais celui-ci se retrouve souvent bloqué par manque de fluidité des axes pénétrants vers le centre ville et vers les nouvelles zones commerciales.
De plus, cette carence des axes principaux entraîne une utilisation comme axe de circulation vers ou hors du centre ville de rues telles que la rue St Anne d’Auray, la rue Texier La Houlle (voie très ancienne qui remonte à l’époque romaine et au Moyen-Age), voire la rue Frélaut, ainsi que des usages de contournement du trafic par des voies telles que la rue George Caldray. En deux heures de visites, nous avons observé une vitesse excessive de nombreux véhicules sur des rues qui ne sont pas adaptées à un trafic important, avec une mise en danger des cyclistes et de piétons.
Comme dans de nombreux quartiers anciens, des décisions d’aménagement s’imposent pour mieux dissocier les deux fonctions contradictoires de ce quartier : quartier à vivre et quartier de traverse.
La sécurité des piétons et des cyclistes, les tensions occasionnées par des itinéraires de contournement du trafic créent une situation qui exige une nouvelle approche globale des déplacements urbains. C’est un comble de constater que l’itinéraire des bus a été modifié rue Texier La Houlle, car il était gêné par l’encombrement provoqué par l’augmentation du trafic et des besoins de stationnement.

Le dossier des anciennes cliniques
Inutilisées depuis l’ouverture de la clinique Océane, les bâtiments sont à l’abandon et deviennent un vecteur de risque et de dégradation générale.
La mise à sac constatée et l’utilisation importante par des squatters n’est pas une situation tolérable, surtout dans une perspective de gauche. Il y a bien eu un projet de promotion immobilière qui n’a pas abouti (la crise de l’immobilier ?). Nous constatons qu’à l’occasion de ce projet les riverains se sont constitués en association car ils ont éprouvé le besoin de faire valoir leur point de vue au-delà des intérêts économiques du promoteur et de l’approche strictement réglementaire de l’équipe municipale. Cette dernière ne prend pas en compte les impacts de la création de 250 logements et ses conséquences sur l’adaptation de la voirie, du plan de circulation et des services collectifs à prévoir. La démarche associative des riverains nous est apparue intéressante comme lieu de concertation entre les habitants et possibilité d’une approche collective plutôt que strictement individuelle.

Les questions que se pose l’association sont :
a)Comment un développement immobilier d’ampleur mais privé peut il prendre en compte son impact sur la vie d’un quartier ?
b)Comment articuler densification urbaine et adaptation de la voirie ?

c)Le site des anciennes cliniques peut-il encore être l’objet d’une réalisation publique plutôt que privée ?
C’est une belle étude de cas pour promouvoir une approche du développement urbain de gauche.

Conclusion
Cette Rando fort instructive met en évidence un certain nombre de problèmes, qui ne sont pas réservés à ce quartier, mais qui y prennent une acuité particulière du fait du développement continu des zones commerciales de la ville vers l’ouest et de la non-adaptation de la voirie à des flux de circulation toujours plus denses. Certains jours, à certaines heures, on ne roule plus ! A d’autres moments on roule beaucoup trop vite et les riverains ne se sentent plus en sécurité.
Des zones commerciales énormes se développent, au détriment d’ailleurs du centre ville, et rien n’a été prévu pour les desservir dans les quartiers fin XIX è-début XX è, qui étouffent. Les responsables municipaux semblent plutôt dépassés par ces problèmes qu’ils n’ont pas du tout anticipés.
Vient s’ajouter à cela le scandale des cliniques abandonnées par des propriétaires plus soucieux de rentabilité que d’intérêt général. Une « zone » plutôt glauque s’y est installée ; « ça craint » diraient les jeunes !
Oui vraiment, les quartiers visités ce dimanche matin constituent la démonstration d’une mauvaise gestion de la ville, sans projet global, sans anticipation. Une politique à courte vue en somme...