samedi 26 novembre 2011

Une simple question de chronologie....

Le vendredi 4 novembre, le Conseil fédéral de la fédération du Morbihan du Parti socialiste se réunit à Lorient, afin de définir quelles circonscriptions parmi les six seront réservées à Europe-Ecologie (selon les accords nationaux PS/EE) ou à des candidatures féminines (parité oblige). Celle de Ploermel est évoquée pour EE et celles d'Auray et de Vannes pour l'application de la parité.
A la demande de certains membres du Conseil, et notamment de représentants de la section de Vannes, il est décidé de surseoir aux décisions, afin de laisser les militants des sections s'exprimer, donner leur avis.
Les décisions seront prises le 17 novembre.

Le mardi 8 novembre :
La section de Vannes, après un débat de deux heures, vote par 75% des militants présents une motion demandant que la 1ère circonscription du Morbihan (Vannes) reste une circonscription "ouverte" à toutes candidatures, masculines ou féminines.
La motion est transmise à la Fédération.
Si la circonscription restait "ouverte", il y aurait selon toute vraisemblance, à ce moment là, trois candidatures masculines, éventuelles ou plus affirmées : Hervé Pellois et, dans un légitime souci de renouvellement, Maxime Picard et Simon Uzenat.
Les militants feraient connaître leur choix par un vote au cours de "primaires locales" le 1er décembre.

Le jeudi 17 novembre un deuxième Conseil fédéral décide, par 17 voix contre 11, de réserver la circonscription de Vannes, ainsi que celle d' Auray, à une femme. Un appel à candidature est lancé, avec dépôt du 18 au 21 novembre.
La circonscription de Ploërmel est réservée à Europe-Ecologie-Les Verts.
Les partisans d'une circonscription ouverte n'ont donc pas réussi à convaincre les instances fédérales. Ils en prennent bonne note, et se rangent en bons démocrates à la décision majoritaire.

Le vendredi 18 novembre :
Une militante de la section de Vannes, conseillère municipale de Vannes, Claude Jahier, décide de se porter candidate, avec Simon Uzenat comme suppléant. Tous les deux déposent leur candidature à la candidature auprès de la Fédération et des instances nationales.

Le mardi 22 novembre le bureau national du PS enregistre cette candidature à la candidature. Les circonstances (parité, délais à respecter) étant ce qu'elles sont il ne pourra pas y en avoir d'autres.
Les militants de la 1ère circonscription devront néanmoins voter dans les sections le 1er décembre, après une assemblée générale de circonscription le 28 novembre.

Voilà où nous en sommes. Tout est bien clair ; les règles démocratiques et internes au PS ont été respectées tout au long de la démarche. De quoi peut-on s'offusquer ?

Jacques Delarue, chargé de communication de la section de Vannes (lettre et blog)

vendredi 25 novembre 2011

Portrait d'une militante : Claude Jahier

Ce portrait est paru dans la lettre d'information n°23 du 1er octobre 2010.

Je suis née en 1941 à Clermont- Ferrand, mais tout à fait par hasard, je me sens plus d’origine tourangelle, pour être arrivée à Tours à l’âge de 2 ans, cadette de trois enfants dans une famille sans histoire particulière. Mon père était fonctionnaire civil dans l'aviation, maman mère au foyer. Mon père a toujours été militant politique de gauche, à la SFIO, et syndicaliste à FO. Je crois qu'il était un délégué syndical assez actif.

Ma mère ne s'intéressait guère à la politique.
Je me rappelle, quand j'étais gamine, m'être régalée de la lecture du Populaire; cela m'intéressait... Donc je savais ce qu'était le militantisme.

C'était l'époque où les femmes se mettaient à travailler.
J'avais le bac, je suis rentrée dans l'enseignement comme institutrice "remplaçante" en région parisienne qui était alors déficitaire. On m'avait proposé de faire une formation de PEGC. Mais j'ai opté pour les classes maternelles. Sans aucune préparation ni formation, cela me paraissait difficile ; je ne pensais pas pouvoir y rester très longtemps, et j'y ai fait une grande part de mon parcours !

En 1966, j'avais 25 ans, un petit garçon de deux ans, mon mari est décédé.
J'ai voulu changer de région, je suis revenue en Touraine, où j'avais fait mes études. Plus tard, pour échapper à la routine, que je déteste, j'ai fait un stage de préparation aux classes de transition ; j'avais toujours eu envie de m'occuper de gens en difficulté. Le stage terminé je suis venue sur Orléans où j'ai fait un peu de classe de transition. Cela me plaisait mais diverses raisons m'ont décidée à revenir en maternelle.

Alors une amie m'a entraînée dans des études de psycho. Elle m'a laissé tomber à la première année de DEUG... Moi, ça me plaisait, j'ai continué. J'ai alors entendu parler des psychologues scolaires; parallèlement au stage de psychologue scolaire j'ai fait les études de psycho, licence, maîtrise, DESS. Et j'ai adopté cette profession, pendant 17 ans. En maternelle j'étais syndiquée mais sans militer plus que cela. A partir du moment où j'ai intégré cette nouvelle fonction, j'ai beaucoup milité. J'ai été pendant une bonne dizaine d'années Secrétaire générale du syndicat des psychologues de l'Education Nationale,(SNPsyEN) à la FEN.
Je militais pour la reconnaissance de cette profession.
J'ai pris ma retraite en 1998, bien déçue de n'avoir pas abouti au résultat recherché.
Maintenant la situation de cette profession se dégrade de plus en plus; je crois qu'on attend qu'elle meure de sa belle mort, par extinction progressive.…

Et la politique dans tout cela ?
J'ai toujours voté à gauche; j'ai toujours été tentée par un engagement politique. Mais je me sentais "électron libre"; je n'avais pas envie de m'engager dans un parti, je craignais d'être contrainte de "suivre une ligne". Cela ne m'empêchait pas de travailler avec Jean-Pierre Sueur, député-maire socialiste d'Orléans...
Après avoir pris ma retraite je suis restée une année sans rien faire ! Je me suis vite rendu compte que je perdais pied dans la société. Je me suis alors engagée dans une Association familiale laïque. Tant et si bien que je suis maintenant Secrétaire générale du conseil national des associations familiales laïques (CNAFAL), sur Paris !

Je suis également administratrice aux pupilles de l'enseignement public (PEP), coordonnatrice régionale du secteur médico-social des PEP.
La défense de la laïcité, du service public, a toujours été pour moi un combat très important.

Pourquoi le Parti Socialiste ?
Je tournais toujours autour. Déjà à Orléans j'avais eu envie de m'engager et je n'avais pas franchi le pas. En fait mon engagement politique militant date de six ans, depuis que je suis à Vannes. J'ai été très bien accueillie dans la section.
Lorsque sont arrivées les municipales de 2008, j'ai été très surprise d'être sollicitée par Nicolas. Je me suis dit : "Après tout, pourquoi pas ?"
Je me suis retrouvée conseillère municipale. Je trouve cela vraiment intéressant.

J'ai toujours été un peu contestataire et aborder la vie municipale dans la minorité, même si c'est frustrant, fait que je ne me sens pas si mal que ça dans l'opposition.
Certes on est marginalisés, et de plus en plus. Au début du mandat j'avais l'impression que le maire tenait un petit peu compte de nous, montrait une certaine écoute. Mais depuis environ un an, ce n'est plus le cas. Il y a des tas de manifestations auxquelles il ne nous invite plus. Les dossiers nous sont communiqués tard. Tout est décidé à l'avance, en petit comité, aux réunions de municipalité en général le vendredi.
Les commissions, quand elles se réunissent, ne servent à rien ; ce sont les services qui nous font part de ce qui a été décidé, de ce qui s'est fait. On n'a aucune possibilité de discussion sur l'orientation politique.
Notre seul "pouvoir" c'est d'intervenir, de donner notre avis, en conseil municipal.
Je regrette vivement qu'il y ait si peu de public lors des séances du conseil municipal....

En ce qui concerne le PS national, je n'étais pas, au départ, pour Martine Aubry. Les "histoires" du Congrès de Reims m'avaient un peu déstabilisée. Mais je dois dire que son action en tant que première secrétaire me paraît plutôt positive.

Je souhaiterais cependant un PS plus offensif par rapport aux politiques menées.
Il y a encore des progrès à faire.
Le PS sera-t-il capable de présenter un programme suffisamment clair, lisible par tout le monde, sur des bases susceptibles de rassembler la gauche ? C'est ce que moi, militante de base, je souhaite et j'espère.
Ce pouvoir est en train de liquider tout ce que nos parents et grands-parents avaient conquis de haute lutte, en particulier avec le programme du Conseil National de la Résistance en 1945. La sécu, l'école, les retraites .… tout y passe.
Cela ne pourra pas durer cinq de plus ! Dans quel état serait la France ?
Nous n’avons pas le choix, il faut gagner en 2012 !

mercredi 23 novembre 2011

Un "capitalisme du désastre" est-il en train de triompher ?

En 2008 les éditions Leméac/Actes Sud publiaient la traduction française d'un gros ouvrage de presque 700 pages : "La stratégie du choc", sous titré "La montée d'un capitalisme du désastre", de Naomi Klein, de nationalité canadienne.

Dans cet ouvrage Naomi Klein dénonce "l'existence d'opérations concertées dans le but d'assurer la prise de contrôle de la planète par les tenants d'un ultra-libéralisme tout puissant. Ce dernier met sciemment à contribution crises et désastres pour substituer aux valeurs démocratiques, auxquelles les sociétés aspirent, la seule loi du marché et la barbarie de la spéculation" (1)
Ce capitalisme a pris son essor à partir de ce qui a été appelé "l'école de Chicago", avec Milton Friedman (1922-2006), dans les années cinquante. Cet économiste a conseillé les Présidents des USA, des ministres britanniques, des oligarques russes, des dictateurs du tiers-monde.
Une idée force l'anime : en cas de crise saisir l'occasion pour imposer des chocs ultra-libéraux rapides et irréversibles à la société éprouvée .
La crise sert en quelque sorte de catalyseur au changement néo-libéral.
Naomi Klein illustre son propos de nombreux exemples : l'après coup d'état de Pinochet au Chili en 1973 , la faillite argentine en 1983, le tsunami du Sri Lanka en 2004, l'ouragan Katrina à la Nouvelle Orléans en 2005.
Les catastrophes naturelles offrent un cadre de choix à ces bons docteurs néo-libéraux.
Un exemple : le tsunami rase la plage, détruit les cabanes de pêcheurs, les huttes, les bungalows. La zone devient interdite aux pêcheurs et permet une "reconstruction" de complexes touristiques selon un projet élaboré par la Banque mondiale deux ans avant le tsunami.
Mais en cas de besoin des méthodes brutales peuvent être utilisées : arrestations, tortures, disparitions lors du coup d'état au Chili, interdiction de l'opposition et arrestation des syndicalistes en Bolivie en 1985 avec Jeffreys Sachs (Economiste-Harvard) comme conseiller du dictateur Banzer...
Un climat de terreur favorise les "réformes", en assommant toute opposition.
Les crises, qu'elles soient naturelles, financières, économiques, politiques, donnent l'opportunité d'appliquer les remèdes des "Chicago-boys" :
-réduction des impôts, accroissement de la dette des états par rapport aux banques
-libéralisation des échanges commerciaux
-privatisation de l'exploitation des richesses naturelles
-privatisation des services : santé , école, sécurité....
-diminution des dépenses sociales , des retraites etc..

Tout cela évoque ce qui se passe actuellement en Europe sur un mode heureusement moins dramatique (quoique...).

La crise est d'abord financière, née aux USA, due aux comportements aberrants des banques d'affaires, à leurs spéculations effrénées, aux agissements fous des traders. La dérégulation générale a permis ces excès de la finance internationale.
S'ensuit une crise économique puis sociale majeure, la pire depuis 45 selon Angela Merkel.
Les états s'endettent encore plus, leurs déficits explosent.
Les banques américaines, en particulier Goldman Sachs "ont couvert les trucages, les manipulations, les errements qui se trouvent aujourd'hui au coeur de la crise européenne [...], les mêmes banques qui aujourd'hui spéculent contre les états européens et l'euro" (2)
Des plans de rigueur sont mis en oeuvre, présentés comme inéluctables, prétextes à la régression sociale, au démantèlement des services publics, aux privatisations juteuses...
"Profiter de la crise pour imposer une dose supplémentaire de néolibéralisme" (3), tel est le programme....
Des pays se retrouvent sous la tutelle d'organismes internationaux ultra-libéraux, comme le FMI.
Les plans de rigueur provoquent la colère des citoyens et amènent des chambardements politiques (Grèce, Italie, Espagne où la droite la plus réactionnaire est revenue en force...)
Pour faire face aux difficultés, des gouvernements d'experts, d'eurocrates, de technocrates , sont mis en place sans recourir aux urnes. "La démocratie est mise entre parenthèse" (2)

Qui sont ces hommes nouveaux, qu'on dit "sérieux et compétents " (3) ?

Ils sont tous plus ou moins liés à la banque américaine Goldman Sachs, qui s'est implantée en Europe à partir de 1986, lors de la libéralisation totale de la City de Londres, sous Mme Tatcher.
Pour constituer ses réseaux, Goldman Sachs "apôtre du capitalisme de relations" (3) vise en priorité les présidents des banques centrales ou les ex-commissaires européens.
Tous ces ex, discrets, "bavardent de choses et d'autres", "sentent le vent" "et recueillent des informations exclusives pour les salles de marché de la banque" (3).
"Des représentants français de l'élite financière mondiale sont déjà conseillers de l'UMP ."(3)
En attendant mieux ?

"La franc-maçonnerie européenne de Goldman Sachs" (3) comme le titre Le Monde.
-Mario Draghi, diplômé du MIT*, le nouveau président de la Banque centrale européenne a été Vice-Président de Goldman Sachs International pour l'Europe entre 2002 et 2005, "en charge des entreprises et des pays souverains, le département qui avait, peu avant son arrivée, aidé la Grèce à maquiller ses comptes. grâce au produit "swap" sur la dette souveraine" (3).
Auparavant Mario Draghi a été le directeur général du ministère italien des finances.
-Mario Monti :
> Commissaire européen chargé de la concurrence de 1999 à 2004, "ayant droit de vie et de mort sur les grandes manoeuvres des fusions-acquisitions orchestrées par les plus grandes banques internationales" (2)
> Conseiller international de Goldman Sachs de 2005 à 2011. Sa "tâche consistait à servir d'entremetteur afin de pénétrer au coeur du pouvoir européen pour défendre les intérêts de la banque." (3)
> En 2010 le président de la commission européenne, José Manuel Barroso lui confie une mission sur un nouvel approfondissement du marché unique.
Mario Monti propose :
-d'accélérer le marché unique
-d'accentuer la mobilité des citoyens
-d'aligner fiscalité et protection sociale. On devine dans quel sens se feront les alignements puisqu'ils devront "rassurer les marchés" (2). C'est tout dire !
> Désigné en novembre 2011 Président du Conseil italien , ministre de l'économie, dans un gouvernement de 17 ministres tous technocrates sauf un qui est banquier.
-Loucas Papademos, économiste, diplômé du MIT*, le nouveau premier ministre grec a été gouverneur de la banque centrale de Grèce de 1994 à 2002, puis vice-président de la banque centrale européenne. "Durant cette période sa principale mission a été d'organiser la transition entre la drachme et l'euro . A ce titre il avait une connaissance parfaite de la situation financière de la grèce. Il savait qu'elle ne respectait pas les critères exigés par l'Europe" (2)
"Il a joué un rôle non élucidé dans l'opération de maquillage des comptes publics perpétrée avec l'aide de Goldman Sachs" (3)

Sous l'impulsion d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, les hommes de Goldman Sachs se retrouvent donc au pouvoir pour "gérer" la crise financière de pays européens, "rassurer" les agences de notation et les marchés , c'est à dire faire avaler des plans de rigueur et de nouveaux sacrifices à des citoyens déboussolés, assommés par une situation dont ils ne sont pas responsables.
Ayant "participé à [ la désorganisation d'] un ancien monde peuvent-ils être ceux qui en imaginent un nouveau ?" (2) On peut craindre le pire !
Les "replâtrages" actuels ne résoudront rien. Ils ne feront qu'aggraver la crise économique. Il faut maintenant tout mettre à plat et "élaborer une stratégie budgétaire de long terme" (3)

* MIT : Massachusetts Institute of Technology, de Boston
Sources :
- "La stratégie du choc" de Naomi Klein , 2008, Leméac/Actes sud - Citations 1
- Dossier Médiapart, ""Les hommes de Goldman Sachs", par Martine Orange, le 16 novembre 2011- Citations 2
- La "franc-maçonnerie européenne de Goldman Sachs", par Marc Roche dans le Monde du mercredi 16 novembre 2011, et "Don Quichotte et le moulin à notes" par Philippe Askenasy du Monde- Economie du 22 novembre. Citations 3