Un
constat rapide.
Dans
l'Ouest de la France, les grandes villes , et principalement en
Bretagne, le Front National ne dépassait guère les 7à 8% aux
élections précédentes. A l'élection présidentielle, sans
atteindre les chiffres de l'Est et du Sud Est de la France, en
Bretagne il dépasse les 10% et dans notre circonscription il atteint
12,14%.
C'est
la petite bé-bête qui monte, qui monte...pas seulement en France,
mais partout en Europe. Il
serait peut-être temps de s'en préoccuper.
Il
est incontestable que depuis 2008, date du discours de Grenoble de
Nicolas Sarkozy, puis de l'offensive vis à vis des Roms, le discours
de l'ex-président s'est durci de plus en plus. Au lieu de rassembler
les français, il n'a eu de cesse de les cliver, de montrer des
coupables (les syndicats, les fonctionnaires, les corps
intermédiaires,...), de désigner des boucs émissaires (les
chômeurs, les immigrés...).
Pour
s'approprier les voix du Front National et renouveler l'objectif de
2007, Nicolas Sarkozy s'assure le concours d'un conseiller célèbre,
le directeur du journal d'extrême droite « Minute »
pendant de nombreuses années, Patrice Buisson. Et donc nous avons
eu cette ligne à tribord toute de l'UMP durant la campagne, même si
certain comme Fillon, Raffarin, Juppé ont essayé d'introduire
quelques bémols à plusieurs reprises.
Revenons
en pays vannetais.
Notre
député, François Goulard, qui n'a pas été, il faut le
reconnaître, en odeur de sainteté à l'Elysée durant le
quinquennat, a pourtant pris soin de rester un peu à l'écart dans
la première partie du mandat de Sarkozy. Il a su prendre du recul,
par rapport au « bling bling », au « Fouquet's »,
à l'omniprésence du président des riches.
Dans
une première période, nous avions l'impression que notre député
était relativement proche des idées de François Bayrou, dans notre
région cette posture centriste avait quelque chose de politiquement
plus correct. Il est vrai que Bayrou avait totalisé 18% des voix au
1er tour de la présidentielle de 2007, et cela offrait des espoirs
certains pour beaucoup de centristes et démocrates.
Par
la suite, nous observons une proximité avec Dominique de Villepin
ancien ministre de Jacques Chirac, qui un moment candidat à la
présidentielle, ne décollera pas dans les sondages et finira par
jeter l'éponge. Cela correspondait davantage à une position
gaulliste dans la tradition.
Finalement
pour notre député, c'est un soutien sans faille au président
sortant, « seul capable de battre le candidat de la gauche le 6
mai » (sic).
Mais
alors pourquoi s'être donné tout ce mal à prendre de la distance
tout au long du mandat présidentiel sans apporter de la nuance,
quelques bémols comme d'autres ténors UMP l'ont fait (Fillon,
Raffarin, Juppé par exemple), comme si tout dans le discours de
Sarkozy, inspiré par l'ex-très proche du Front National Buisson,
était acceptable ?
Nous
ne pouvons que regretter ce silence assourdissant, devant cette
droitisation extrême d'un discours s'éloignant des valeurs
républicaines et gaullistes. Quelques mots auraient suffit pour nous
rassurer que les digues vont tenir à l'avenir. Espérons à ce
sujet qu'il existe encore beaucoup de Chantal Jouano, Nathalie
Kosisko Moriset à l'UMP qui auront le réflexe républicain avant
qu'il ne soit trop tard.
Pour
monsieur Goulard, qui nous avait habitué à exprimer « une
pensée politique libre et originale », les dés sont-ils jetés
? N'est-il pas déjà trop tard ?
Daniel
Gobert.